Repos bien mérité [PV Kazen-hiun]

Azaël survolait le désert du Hadarac depuis de trop longes heures, à la recherche d'un point d'eau où étancher sa soif. Car avoir des ailes de feu n'aide pas à survivre à la chaleur, surtout dans un désert aussi sec que celui au-dessus duquel il planait ... Avec un soupir de soulagement, il aperçut un oasis de bonne taille, composé de quelques palmiers et, surtout, d'une grande étendue d'eau. Cherchant un courant d'air qui pourrait l'amener en bas sans trop de difficulté, il tourna un bon moment autour de la source, mais sans succès. A croire qu'aucun vent ne soufflait dans le désert !

Cette observation ne l'avançant pas beaucoup, il commença à descendre, tout en effectuant de larges cercles autour de l'oasis. Malgré ses précautions, l'air remué par ses ailes souleva du sable qui vint lui piquer les yeux et lui irriter la gorge. Le Dragon secoua la tête, tentant de chasser les minuscules particules qui tentaient de s'introduire dans toutes les interstices de son corps, mais se lassa rapidement. Ses yeux dorés étroitement fermés, il termina sa manœuvre à l'aveuglette et finit par atterrir sans trop de dommages dans l'eau. Aussitôt, il plongea son visage dans le liquide glacé, savourant sa fraîcheur sur ses écailles brûlantes. Après un long bain, il gagna la rive et se coucha pour sécher au soleil, sous l'ombre d'un palmier pour que son repos ne soit pas trop rapidement interrompu.

Un bruit sur sa droite le fit un ouvrir un œil doré, puis un deuxième lorsqu'un mouvement dans l'eau attira l'attention d'Azaël. Celui-ci redressa la tête, qu'il avait posé sur ses pattes antérieures et chercha à la surface du lac ce qui avait bien pu la trouble ainsi. Poisson ? Ou piège ?

Comme à son habitude,
Kazen explorait le continent, tout bonnement.
À la manière d'une murène géante, son corps se tortillait dans l'air,
comme s'il aurait s'agit d'un fluide.
Il volait haut, plus haut qu'il n'avait jamais fait,
mais il n'en pouvait plus de se cacher pendant des heures.
Ici, personne ne le verrait.
Personne, excepté les dragons
et quelques oiseaux migrateurs se rendaient jusqu'ici.
Après plusieurs heures d'acrobaties dans le seul but
de s'amuser dans la chaleur du soleil,
le vent lui apporta bientôt une odeur étrange,
qu'il n'avait jamais senti avant.
C'était une odeur chaude, sauvage, meurtrière en un sens.
Inclinant ses oreilles de tigre vers l'arrière,
il entama une descente en piqué,
mu par la curiosité.
Le Panlong adorait faire des descentes ainsi,
si on ne remontait pas à temps, on s'écrasait,
et si on remontait trop tôt, c'était agir comme une mauviette.

Tout en descendant plus rapidement qu'un boulet de canon,
Kazen-hiun déboucha rapidement le voile épais des nuages,
traversant moult orages et tempêtes de grêlons.
Cela rendant la descente encore plus excitante.
Bientôt, tout cela cessa et il se retrouva à contempler
un paysage de dunes et de sable.
Une fraction de seconde plus tard, la chaleur le saisit
et le dragon bleu perdit un instant le contrôle de ses sens.
Jamais il n'avait eu aussi chaud. C'était atroce.
Affolé, il se mit à chercher quelque chose qui ressemblait à de l'eau, n'importe quoi.
Le liquide épais qui rendait son corps résistant
à de très basses températures au fond des eaux commençait à s'évaporer,
et ce liquide ne se renouvelait qu'une fois par cinquante ans.
Le Panlong avisa une flaque d'eau, d'où il se trouvait
et vola à toutes vitesses vers celle-ci, qui grandissait à chaque seconde.
Après qu'elle ait prit la grosseur d'une mare, Kazen, qui allait trop rapidement,
s'écrasa sur le sol, avant de rebondir et d'atterrir dans l'eau en un grand Plouch!
Mais après son crash, Kazen était inconscient,
son corps tordu dans un angle bizarre.

Azaël, curieux mais prudent, s'approcha du lac d'un pas lent. Il observa la surface. Rien. Enfin rien d'apparent. Mais le soleil se reflétait dans l'eau de la mare et il était impossible de savoir si ce qui se trouvait au milieu était un remous, une créature, ou bien un simple miroitement. Les mirages étaient si nombreux dans ce désert ... Se décidant enfin, il prit son élan et s'envola. Il savoura un instant la légère fraîcheur que lui procurait son départ puis se mit à tourner en cercles concentriques autour de l'oasis. Un corps bleuté attira son attention et il descendit, bien que restant attentif à un moindre piège, à une simple intention agressive. Un corps flottait, tordu dans une position étrange. Considérant que cette créature devait être hors d'état de nuire, il se posa dans l'eau, provoquant quelques remous qui firent couler la bête.

Hésitant, Azaël regarda sous l'eau. La chose qui était en train de couler lamentablement ressemblait fortement à un dragon. Que faire ? S'il était de l'Empire, il n'avait qu'à mourir ici, ce serait cela de fait. Mais s'il ne l'était pas, il aurait laissé mourir un innocent. Indécis, il secoua la tête, puis plongea. Aucun de ses semblables ne méritait de mourir noyé dans une mare au fin fond du désert. Il attrapa le corps fin du Panlong entre ses crocs, puis le remonta aussi délicatement que possible sur le bord. Vu ainsi, il paraissait plus d'inoffensif, mais le dragon rouge resta sur ses gardes. On ne sait jamais ...

Mais qu'est-ce que tu faisait là ..?

Kazen était toujours inconscient,
là, sur le sable.
Sa couche liquide était sauvée maintenant qu'il avait été en contact
avec de l'eau mais cela il ne pouvait pas le savoir.
Après un certain laps de temps,
le corps du dragon bleu commença à bouger,
et des craquements peu ragoûtants se firent entendre.
Le Panlong redressa la tête,
mais ce n'était pas Kazen. C'était son corps.
Il se dressa sur ses pattes, multipliant les craquements
qui replaçaient sa colonne et ses os déplacés.
Un espèce de sourire absent se dessina sur les babines du dragon
et ses moustaches frémirent de bonheur.

- Ça, c'est la pire erreur que tu auras jamais faite.

murmura le dragon, à sa personnalité primaire,
qui elle dormait encore.
Le dragon se retourna vers celui qui l'avait sauvé,
les yeux fendus en une fente fine, presque invisible.
Le sourire ne s'agrandit que d'avantage.

Les Panlongs sont des créatures à l'image de la mer.
Parfois salvateurs et calmes,
ils se transformaient en créatures déchainées et agressives,
sans aucune raison.
À la longue, les Panlongs développèrent une maladie,
qui était en fait un avantage puisqu'elle contrôlait leurs élans sauvages.
Cette maladie faisait que lorsque les dragons dormaient,
ou qu'ils étaient inconscients, comme dans le cas présent,
la personnalité secondaire remontait, mais uniquement dans ses cas-là.
Alors les Panlongs n'eurent plus qu'à s'enfermer la nuit venue et éviter de perdre connaissance.
Ils appelèrent leur mauvais côté un alter.
Dans le passé, les dragons de l'eau vivaient en colonie,
alors ils n'étaient pas agressifs les un envers les autres.
Mais un jour...

- Tiens tiens, j'avais envie d'autre chose que du poisson.
Ça tombe drôlement bien.

L'alter de Kazen profita de l'incompréhension du dragon occidental
et lui mordit méchamment le nez, profitant de ses qualités de vol.

Les parents de Kazen mirent au monde un petit, oui,
mais ce petit a développé une mutation de la maladie,
qui lui donna étrangement des particularités cannibales...
À son alter uniquement, heureusement.
Mais c'est à cause de cela que les parents de Kazen s'éteignirent.
Un jour où des humains avaient capturés le jeune Panlong,
il avait perdu connaissance, tout simplement trop effrayé,
et l'alter avait prit le contrôle et avait tué tout ces humains.
De retour à la maison, il avait bouffé les parents.
Tant et si bien qu'il ne resta plus rien d'eux.
Kazen-hiun ne se souvint jamais de cet épisode.

- Montre-moi de quoi sont capables ces dragons qu'Il voulait tant rencontrer!

lança l'alter, d'une voix mauvaise mais résonnante d'ironie.

Azaël recula. Le Dragon bleu était ... différent. Ce n'était pas celui qu'il venait de sauver. Comme si un être maléfique venait de prendre le contrôle de son esprit. Méfiant, il dévisagea la bête. Une lueur mauvaise brillait dans son regard. Etait-ce une impression, ou la réalité. Ce n'était pas vraiment le moment d'y réfléchir. Alors qu'il allait s'envoler, une douleur cuisante lui traversa le museau : le Panlong venait de lui mordre méchamment le nez. Azaël poussa un grognement de souffrance et secoua la tête, envoyant des gouttelettes de sang gicler partout autour de lui. Puis les dernières paroles de son agresseur lui revinrent en mémoire :

- Tiens tiens, j'avais envie d'autre chose que du poisson.
Ça tombe drôlement bien.

Vraiment pas de bol : il était tombé sur le seul Dragon cannibale qui ait jamais existé. Azaël jeta à son assaillant un regard doré brûlant de rage contenue, puis agita nerveusement sa queue. Cette fois, il ne l'aurait pas par surprise. Il se tenait prêt à esquiver la moindre attaque. Arquant le cou d'un air menaçant, il émit un grognement mauvais. Ne pas attaquer, ne pas attaquer, ne pas attaquer .... Attendre. C'est là la stratégie. Ne pas céder à son instinct ; attendre. Pourtant l'envie de sauter à la gorge de ce prétentieux le démange. Mais non. C'est la base. Il faut attendre.

- Montre-moi de quoi sont capables ces dragons qu'Il voulait tant rencontrer!

Là, c'était trop. La base vola en éclat dans l'esprit d'Azaël, qui abandonna toute prudence. Faut pas abuser non plus. Avec un rugissement, il écarta les ailes et se propulsa dans les airs. Là, il effectua une vrille, se retrouva dos au Panlong, attrapant le bout de sa queue, le balança au loin. C'est bien connu, le force d'un Dragon sauvage en colère est généralement meurtrière. Généralement. Car il ne voulait pas tuer son adversaire. A cause du "Il" qu'il avait prononcé et qui confirmait son hypothèse : il n'était pas lui-même.

L'alter était tout heureux.
Ça faisait très longtemps qu'il attendait,
caché dans l'esprit de Kazen,
qui lui ignorait tout des soit-disant alters.
Ses parents avaient préféré ne rien lui dire, seulement que pour sa sécurité
il devrait toujours s'enfermer quelque part le soir venu.

Après s'être léché les babines, l'alter éclata de rire,
voyant le dragon rouge perdre tout contrôle de lui-même.
Ça, c'était une erreur que même des débutants auraient évitée.
Jamais, au grand jamais, en dépit de toutes les provocations d'un adversaire,
se jeter le premier dans le combat.
Car en se jetant dans un combat, on offre des ouvertures...
Constat numéro un : les dragons de l'Ouest sont impulsifs.
Le dragon bleu ne résista même pas lorsque le rouge attrapa sa queue.
Un bouquet de poils resta dans la gueule de l'autre,
sans affecter outre mesure le Panlong.
Contrairement aux dragons occidentaux,
les queues des dragons de l'Est sont terminé par des poils,
qui eux se détache lorsqu'ils sont soumis à une certaine tension.
L'alter courba son long corps fin
et attrapa le cou du dragon entre ses longs crocs,
juste derrière les mâchoires.
Il savoura le goût métallique du sang qui se rependit dans sa gueule et dans sa gorge.
Constat numéro deux : les dragons de l'Ouest ont un meilleur goût que les Panlongs.
Vif comme la murène,
il enroula son corps autour du long cou et se mit à serrer,
tournant sur lui-même, à l'image d'un anaconda,
voulant couper la respiration de son ennemi.
Sa petite taille était pratique dans certaines occasions.
Ses longues griffes cherchaient un passage
entre les lourdes écailles épaisses de son cousin,
voulant toucher la chair, la déguster...

[ Désolée, c'est court, mais je voyais pas quoi écrire d'autre. ]

[Pas grave ^^ En tout cas la mise en page est sympa ;) Au début j'ai presque cru que tu écrivais en vers XD]

Azaël se débarrassa en crachant des poils qui collait à sa langue. Berk. Il détestait ça. Même ses proies avaient une fourrure moins ... gênante. Alors qu'il tentait encore de comprendre comment son adversaire avait réussi à échapper à une attaque qui faisait toujours effet, lorsque des crocs s'enfoncèrent dans sa gorge, juste à l'endroit où ses écailles étaient fines. Heureusement, c'était le seul endroit de son corps où il était facile à atteindre, avec ses ailes bien sûr. C'est bien connu, les dragons sauvages sont plus résistants que ceux des Dragonniers. Les canines du Panlong étaient courtes ; tant mieux, la morsure ne lui faisait pas beaucoup plus d'effet qu'une piqûre de moustique. mais il perdait du sang et, apparemment, la bête s'en délectait.

Azaël releva brutalement la tête pour échapper aux dents de son assaillant, avec succès. Ses vertèbres cervicales étaient souples et ils s'en réjouissait. Il sentit alors le Panlong s'enrouler autour de son corps, serrant comme un forcené. Prudent, et bien que la pression ne soit pas encore insupportable, il prit une grande inspiration et chercha autour de lui ce qui pourrait surprendre le Dragon de l'Est et le faire lâcher. Un rayon de soleil se reflétant sur l'eau l'éblouit quand il tourna la tête et lui donna l'idée qui lui manquait pour se sortir de sa situation peu agréable.

D'un mouvement brutal, il écarta ses ailes, qui n'étaient pas bloquées, pour faire penser à son adversaire qu'il allait s'envoler. Il se ramassa d'un mieux qu'il pouvait, tandis que le manque d'oxygène commençait à sa faire sentir puis, au lieu de s'élancer, il se rua vers le lac et, à quelques mètres de la surface, bondit dans l'eau. Il ferma ses naseaux au dernier moment, pour éviter que l'eau n'y rentre, puis, sentant l'étreinte du Panlong se desserrer, il remonta à la surface d'un coup de queue et prit une grande bouffée d'air. Même si celui-ci était chaud et sablé, il n'avait jamais respiré un air aussi pur.

*Avec un peu de chance, ça le réveillera*

[ Faut pas trop se fier à mon kit, Kazen a quand même de bonnes dents. :P
Merci ^^' ]

Sa technique était infaillible.
Les Panlongs n'étaient pas fait pour se battre les uns contre les autres,
mais leurs corps énergiques et longilignes étaient parfaits pour imiter les serpents.
C'est ainsi que vint l'idée de s'enrouler fortement à l'alter.
Celui-ci ne pensait pas aux écailles qui recouvraient entièrement son corps,
des écailles d'une finesse et d'une douceur sans pareilles,
mais extrêmement facile à transpercer, pour une bonne raison :
il ne ressent pas la douleur.
Voilà qui explique comment il a pu replacer ses os par sa propre volonté,
quelques instants plus tôt.
Il n'y avait que Kazen, le vrai, qui ressentait la douleur.

L'alter sentit rapidement son petit abreuvoir se défaire de son emprise.
Frustré, le dragon bleu raffermit encore plus sa poigne sur le cou du dragon rouge,
cherchant par tout les moyens de se faire un excellent diner.
Sentant le dragon rouge commencer à hésiter et faire des mouvements sans but précis,
il rigola tout bas. Enfin, de la bonne viande rouge..
Il frotta son museau près de la morsure qu'il avait infligé au dragon,
s'imprégnant du parfum divin de son sang.
L'alter n'attendait que le moment où le dragon perdrait pied,
à ce moment-là, il s'envolerait près de la face de la bête
et lui enfoncerait profondément une griffe dans l'œil,
atteignant ainsi le cerveau et provoquant une mort instantanée...

Un mouvement plus brutal que les autres le fit soudainement revenir sur Terre.
Le dragon avait l'air d'avoir trouvé un moyen de se débarrasser de lui.
Confiant quoique légèrement inquiet,
le dragon bleu planta à nouveau ses canines dans le cou offert,
espérant ainsi tenir bon, quoi qu'il arrive.
Il s'attendait à ce qu'il s'envole, et s'écrase sur lui,
afin de lui faire lâcher prise mais, comble de la surprise,
le dragon se jeta dans l'oasis!
Tellement surpris par cette tactique, l'alter ne bougea pas un instant,
clignant des yeux comme un nouveau-né.
Il allait rigoler à nouveau, lorsqu'il sentit sa conscience s'éteindre lentement.
Son contrôle sur le corps terrestre de Kazen prenait fin,
probablement parce qu'il reprenait conscience...
Avant même d'avoir eu le temps d'émettre une pensée mauvaise à l'intention de l'autre dragon,
l'alter céda le pas et Kazen revint à lui.

Bon sang...Quelle douleur...
Le Panlong resta sous l'eau et s'examina sous toutes les coutures,
mais il n'avait rien, il manquait des poils à sa queue mais excepté cela...
Il haussa les épaules, provoquant une nouvelle douleur dans son dos.
Kazen gronda de douleur, faisant monter quelques bulles à la surface.
C'est ainsi qu'il se rendit compte de la présence de l'autre dragon.
Louvoyant prudemment son corps vers l'air frais,
le dragon bleu sortit la tête de l'eau,
observant l'inconnu de ses yeux jaunes vifs, pupilles parfaitement normales.

Après avoir respiré un grand coup, Azaël nagea doucement vers le rivage. L'autre dragon ne donnait aucun signe de vie et, peut-être, d'ailleurs, qu'il était mort. Mais bon, tant pis. Il avait fait ce qu'il pouvait. C'était sa vie ou la sienne après tout. Il remonta sur le sable et chercha un moyen de soigner sa blessure. Placée comme elle était, il ne pouvait pas la lécher, et cela l'irritait plus que tout. Agacé, il secoua la tête, et des gouttes de sang vinrent frapper la surface de l'eau. Aussitôt, des remous apparurent. Etonné que quelques gouttes fassent autant d'effets, Azaël s'approcha, oubliant toute prudence, et regarda dans le lac.

Le Panlong était encore vivant et le regardait, mais sans sortir. Ses yeux jaunes étaient dénués toute expression mauvaise et le Dragon comprit qu'il était probablement redevenu normal. Il hésita, pensa à mettre la tête sous l'eau, puis se ravisa. Bien que différent, son ancien adversaire pouvait sûrement communiquer en esprit, comme lui. Il chercha un moyen de lui expliquer ce qu'il avait fait, trouva ses mots, et, enfin, plongea son regard doré dans celui, jaune, de l'être bleu.

Je m'appelle Azaël, surnommé Ailes de Feu en raison de ma couleur. Tu viens d'essayer de me tuer, mais j'ai fait mon possible pour ne pas trop te blesser. Je suppose que tu dois être un peu ... courbatu. Si tu y tiens je peux te raconter les détails de notre combat, mais ne me dit que tu vas apprécier.

Comme pour appuyer ses dires; une goutte de sang dégoulina de son cou et tomba dans l'eau avec un petit ploc. Le liquide rouge se dissipa dans l'eau transparente, formant un petit nuage rosée qui disparut en quelques secondes. Pas trop inquiet, Azaël le regarda, se demandant bêtement si le sang du Panlong tait bleu comme ses écailles.

[J'ai pas beaucoup d'inspi, désolé ...]

[ Nevermind ]

Le Panlong fronça les sourcils et inclina ses délicates oreilles vers l'arrière,
signe de suspicion et de curiosité.
Le corps de Kazen-hiun était en effet tellement courbaturé qu'il n'osait pas bouger,
de peur de déclencher un nouvel élancement de douleurs.
Le dragon bleu prit une gorgée d'eau,
calmant ainsi une saveur amère qui sapait son palais.
Ça ressemblait à du sang, mais ça avait une certaine particularité..
Peut-être était-ce son propre sang, à la suite du crash?
Cela expliquait ses courbatures,
mais pas le sang qui tombait de la tête de l'autre dragon.
Flottant paresseusement,
encore troublé par son crash et reconnaissant d'être encore en vie,
Kazen ne comprenait rien de ce que l'autre dragon lui disait.
Il se rappelait d'être tombé dans l'eau,
avoir ressentit une douleur sans nom et il s'était réveillé dans l'eau.
Il n'y avait pas eu autre chose entre-temps,
autrement il s'en serait probablement souvenu non ?
Le Panlong était tellement troublé
qu'il ne s'offusquait même pas de cette intrusion dans son esprit.

- Je ne me rappelle rien de tout cela.

lança-t-il d'une voix plutôt faible.
Ses tympans vrillaient de douleur
et ses yeux étaient transpercés par des millions d'aiguilles invisibles.
Il eu peur de tourner de l'oeil pendant un instant mais se ressaisit à temps.
Le dragon bleu ferma les yeux et fronça à nouveau les sourcils,
scannant sa mémoire, sans rien trouver.
Kazen-hiun soupira.
Le dragon rouge était-il mythomane ?
Mais comment aurait-il pu se faire cette blessure par lui-même,
c'était physiquement impossible.

- Je me nomme Kazen-hiun.
Racontez-moi cela en détails s'il-vous-plait,
peut-être m'y retrouverai-je.

finit-il par dire, respectant ainsi la règle non-écrite
de se présenter lorsqu'un homologue le fait.

Azaël inclina la tête. Le Panlong n'avait pas vraiment l'air de la croire, ce qui le vexait légèrement. Mais bon, s'il avait perdu la mémoire, cela pouvait sembler logique : après tout, il avait atterri dans l'eau, l'autre avait pris contrôle de son esprit à ce moment là, et lorsqu'il se réveillait, il était à nouveau dans l'eau ... Oui, cela pouvait sembler parfaitement logique. Ce qui n'était pas pour arranger le Dragon rouge. Il réfléchit, puis remarqua que les yeux jaunes de son interlocuteur s'égaraient du côté de sa blessure au cou. Il allait saisir cet argument lorsque le Panlong parla -ou plutôt re-parla, mais il n'avait guère prêté attention à sa première phrase.

- Je me nomme Kazen-hiun.
Racontez-moi cela en détails s'il-vous-plait,
peut-être m'y retrouverai-je.

Azaël hocha la tête, faisant tomber dans l'eau une énième goutte de sang, et provoquant un énième ploc. Le bruit en particulier commençait sérieusement à l'agacer. Tout le monde a déjà essayer de dormir lorsqu'un robinet fuit dans une pièce adjacente. Vous aurez tous remarqué à quel point c'est énervant. Et bien le bruit de sang gouttant le long de son cou et tombant dans le lac produisait à peu près le même effet chez le Dragon rouge. Avec une grimace, il finit par répondre, d'un air toujours un peu absent :

Mff ... Vous m'avez tout d'abord provoqué par la parole et ... et j'ai fini par céder, ce qui est totalement stupide, vu qu'il ne faut jamais entamer un combat contre un adversaire dont on ignore les forces ...

Le ton employé montrait à quel point Azaël avait honte de cette faiblesse. Le Dragon baissait la tête d'un air penaud, car jamais il n'avait commis une faute aussi idiote. Il poussa un grognement gêné puis continua, presque pour lui-même.

J'ai donc attraper votre queue et essayer de vous balancer plus loin, sans effet puisque vos poils se sont détachés. Ensuite vous vous êtes enroulés autour de moi dans le but de m'étouffer probablement et vous avez serré les dents sur mon cou. Pour vous faire lâcher prise, j'ai fait semblant de m'envoler et me suis précipité dans l'eau. Voilà.

Ayant fini, Azaël se tut, et leva enfin les yeux de l'eau où se dissolvait son sang, observant la réaction de Kazen-Huin. Il était curieux de savoir si le Panlong allait le croire ...

Les aiguilles de feu finirent finalement par se calmer,
se qui permit au Panlong d'entrouvrir les paupières.
Son corps était cependant tellement douloureux que respirer était difficile
et lui faisait le même effet que de se faire broyer les côtes.
Il flottait, car il ne pouvait pas faire autre chose.
Cela prendrait certainement un certain temps pour sortir d'ici,
sans avoir l'impression de se faire mâché et recraché.
Il se rendait compte à quel point il avait de la chance d'être en vie.
Ses organes auraient pu exploser, une artère se sectionner
ou son coeur s'arrêter tout bonnement, à cause de la force de l'impact.
Kazen ne savait pas à quelle vitesse il volait mais c'était rapide.

Les paupières à peine entrouvertes,
il observa le dragon rouge raconter leur combat.
Lui était habitué au plic-plic, lorsqu'on vit dans des grottes sous l'eau,
c'est souvent le bruit qu'on entend le plus souvent.
Le dragon bleu était maintenant tellement habitué à ce son
que lorsqu'il cherchait à dormir et qu'il ne l'entendait pas,
il mettait plusieurs heures à fermer l'oeil.

Mff ... Vous m'avez tout d'abord provoqué par la parole et ... et j'ai fini par céder, ce qui est totalement stupide, vu qu'il ne faut jamais entamer un combat contre un adversaire dont on ignore les forces ...

Il sourit en coin lorsqu'il vit Azaël tout penaud.

- On succombe tous parfois aux provocations.
Il n'y a pas à avoir honte de cela.

J'ai donc attraper votre queue et essayer de vous balancer plus loin, sans effet puisque vos poils se sont détachés. Ensuite vous vous êtes enroulés autour de moi dans le but de m'étouffer probablement et vous avez serré les dents sur mon cou. Pour vous faire lâcher prise, j'ai fait semblant de m'envoler et me suis précipité dans l'eau. Voilà.

Voilà, effectivement, qui expliquait les quelques poils manquants sur sa queue...
Kazen soupira.
Son histoire tenait debout, le seul point était :
pourquoi ne se rappelait-il de rien ?
Pourquoi aurait-il attaqué un dragon qui, manifestement, lui serait venu en aide ?
Cela n'avait pas de sens, surtout qu'il n'attaquait
que lorsqu'il n'avait vraiment aucune autre échappatoire.
Il ouvrit ses yeux un peu plus grand et planta son regard de faucon dans les yeux du dragon rouge :

- Je n'ai d'autre choix que de vous croire.
Une chute d'une telle puissance ne m'aurait pas arraché
quelques poils par pur hasard.

Azaël poussa un grognement approbateur. En effet, une chute d'une telle puissance avait du faire autre chose que lui arracher quelques poils. Remarquant soudain l'air crispé et l'immobilité de son interlocuteur, le dragon ser leva, s'étira, puis s'éloigna de quelques pas. Il laissait sa trace dans la sable sous la forme d'une ligne de pointillés rouges, mais la sensation du sang chaud coulant le long de son cou ne le gênait plus. A croire qu'on s'y habituait à force.

Il s'arrêta au pied d'un palmier, près duquel poussait quelques plantes rachitiques. Azaël les renifla les aunes après les autres, bien qu'elles semblent identiques. Mais son odorat était plus affuté que sa vue et bientôt, il chosiit une de spousss. Au lieu de l'arracher bêtement, il se mit à ceruser autour d'elle, dégageant des arcines d'une belle couleur orangée. Il en attrapa quelques-unes, les pris délicatement dans sa gueule et les apporta au dragon étranger.

Ce sont des racines d'une plante dont le nom m'échappe. Mais si ma mémoire olfactive est bonne, elle sont très efficaces contre les blessures internes et pour réparer les os, par exemple. Je vous conseille d'en prendre. Quand j'ai fait une chute à Aberon, à cause de ces fichues tours de guet placées n'importe où, elles ont été très efficaces. Bénis soient les guérisseurs !

Le sang coulait légèrement moins désormais. Enfin bon, même si cela n'avait pas été le cas, Azaël ne se serait pas inquiété. Ce n'était qu'une écorchure après tout. Fort de cette certitude, il se tourna vers le soleil, qui apporchait dangereusement de l'horizon. Il s'était promis d'être à Aberon avant la nuit, et cette promesse semblait quelque peu contrariée par les évènements récents. Qu'importe. Il devait partir, bien qu'il sache pertinnement qu'il n'atteindrai pas le Surda avant le petit matin.

Je dois vous quitter. J'ai ... rendez-vous à Aberon d'ici peu et comme vous pouvez le voir, le temps presse. Au revoir, j'espère.

Le dragon étendit ses ailes engourdies et battit un instant l'air pour les détendre, avant de se ramasser et de bondir dans les airs. Un souffle chaud fit voler quelques grains de sable mais, déjà, Azaël était loin, dans des cieux un peu plus frais et plus agréables. Loin au-dessus de l'oasis. Vers Aberon.

» Dragonna l'elfed bien