Deux chattes-garou...

Participants :
Kishik — Evä
Chronologie :
aucune (premier R.P.).

Le ciel de Carvahall s'assombrissait un peu plus à chaque minute. Il se tentait d'un bleu sombre, à la fois doux et inquiétant.

Evä dormait profondément, sa silhouette noire se fondant peu à peu dans l'obscurité. Quelque chose la sortit de son paisible sommeil. La chatte garou ouvrit mollement l'œil. Deux cercles d'un vert vif se dessinèrent dans les pénombres. Dans les décombres, à quelques mètres d'elle, une petite féline contemplait les collines voisines, silencieuse. Evä s'étira sans un bruit et, après une brève hésitation, se décida à rejoindre l'inconnue dont la silhouette se détachait sur le ciel étoilé. D'un mouvement souple, elle sauta dans le silence le plus complet sur une pierre juste à coté de la nouvelle venue et signala sa présence en faisant rouler quelques gravillons.

La féline tourna la tête et dévisagea Evä durant de longues minutes. Cette dernière en fit de même et fouilla dans sa mémoire, cherchant à mettre un nom sur le visage de l'inconnue. Mais les recherches d'Evä n'aboutirent à rien sinon le néant le plus total. La féline qui se trouvait devant elle lui était parfaitement inconnue.

Par principe, enfin plutôt par manque de motivation, Evä rompait rarement les silences d'elle-même. C'est la raison pour laquelle, cette fois-ci encore, la chatte garou dont la fourrure de jais se fondait dans la nuit, ne dit rien. Elle attendit avec patience.

[ C'est court... Désolée, je n'ai pas trop d'inspiration. ^^" ]

« Comment t'appelles-tu ? »

[ Moi aussi, là je dois me forcer pour trouver des trucs ^^ Cela ira mieux quand on se connaitra bien ]

Evä pensa à s'en aller. Elle n'avait ni envie de faire la connaissance d'une autre chatte garou, ni la motivation nécessaire pour assurer une discution normale. La féline pensa à la promesse qu'elle s'était faite quelques années auparavant et sourit gentiment avant de répondre de sa voix de velours :

" Les miens me nomment Evä ... "

Les mots s'évanouirent dans la nuit, emportés par la brise. D'un pas feutré, Evä s'avança un peu plus et céda aux codes de la politesse en achevant, sur un ton chaleureux :

" Et toi ? Je ne t'ai jamais vu, pourtant nous ne sommes pas si nombreux ... "

Tout cela se termina sur une phrase qui, bien que l'intonation n'y était pas, était une question. Comme tous les autres chats garoux, l'inconnue qui se trouvait devant Evä devait probablement aimer arpenter les territoires de long en large. C'était étrange que les deux félines ne se soient jamais rencontrées.

Le vent se leva brusquement, sifflant dans les roches abimées par le temps. Evä jeta un coup d'oeil sur les alentours. Juste à coté d'elle, des pierres en désordre jonchaient le sol. Le bâtiment qui s'était dressé là devait être tombé depuis un certain temps, ne laissant que des ruines. Au loin en bas de la colline, les premières lueurs de feu apparaissaient, c'était le début du village. Enfin, si village était le bon mot.

C'était juste un entassement de terre, de pierre et de pailles. Evä savait bien ce qui était arrivé ici. Ce village avait été détruit par les Ra'zacs, qui n'avaient laissés derrière eux que le murmure du vent et le chant du ruisseau. La chatte garou ferma les yeux. Ce qui avait été fait là était pitoyable. La stupidité humaine et l'énergie dépensée dans la guerre étaient des choses qu'elle ne comprenaient pas, ou très mal.

« Je suis Kishik. »

« Je voyage beaucoup... »

Evä sourit et lança de sa voix veloutée :

" Moi aussi ! "

La chatte-garou s'approcha un peu plus, ses deux yeux verts se plantèrent dans ceux, jaunes, de Kishik. Il faisait froid mais les deux félines n'étaient pas sensibles à ce genre d'intempéries. Au milieu des étoiles ... Evä se figea. Elle venait d'entendre un bruit. Le craquement sec d'une brindille. La chatte-garou releva la tête, entrouvrant la gueule pour mieux capter les odeurs. Beurk ... ça sentait l'humain. Il y avait un homme dans le coin. Kishik avait les yeux grands ouverts, son visage s'était figé en une expression d'horreur.

Evä frémit, se retourna et poussa un miaulement de surprise avec de s'écarter d'un bond, souple et rapide. Juste derrière elle, une humain le dévisageait. Il tenait une fourche dont les piques pointaient, menaçants, vers le ciel étoilé. L'homme avait les yeux injectés de sang, il puait l'alcool et son visage était marqué par des cernes violettes. L'humain tituba, il frappa de toute ses forces à l'endroit même où se trouvait Kishik, un millième de seconde plus tôt.

Le nouveau venu titubait, complètement saoul. Evä comprit que l'humain n'avait rien de particulier contre elles mais plutôt qu'il était fatigué et imbibé d'alcool. L'ivrogne puait le bière, à en devenir immonde. Se sentant un peu nauséeuse, Evä lança, vive :

" Allons-nous en, il va nous lâcher "

Les deux félines coururent alors durant dix bonnes minutes, l'humain aux trousses. Peu à peu, le bipède se fatigua et les complices, à peine essoufflées, ralentirent progressivement.

" Un fou ! Un ivrogne ! Voilà pourquoi je déteste les humains " marmonna Evä.

« C'est aussi une de mes raisons de les détester... Mais pas la seule. »

[ Evä ? ]

[ Je suis complètement désolée ... ]

Evä leva la tête, soudainement intéressée. Elle venait de sentir quelque chose ... La voir amère de Kishik dissimulait des souvenirs troublés, désorganisés. La chatte-garou posa ses yeux brillants sur son interlocutrice et laissa cette dernière réfléchir quelques instants. De toute évidence elle était en train de repenser, de revivre les moments auxquels elle venait de faire référence.

" Comment ça ? "

La voix de velours d'Evä tinta doucement. Elle voulait savoir. Connaitre, comprendre. C'était une invitation à parler. Par expérience, la féline noire savait que les mots pouvaient panser les blessures les plus secrètes, les plus intimes. Peut-être que Kishik se sentirait mieux une fois qu'elle aurait mis des images et des phrases sur sa colère contre les humains.

Le silence se fit. Kishik réfléchissait à toute allure. S'agitait intérieurement.

Evä se tut. Elle patienta calmement, sereine. Il faisait nuit, les deux félines étaient dans leur éléments, et maintenant que les villageois des alentours s'étaient assoupis, le danger était loin. Sous les pierres, la vie s'agitait, des mulots gambadaient dans les hautes herbes. Depuis plusieurs mois, les oiseaux se taisaient, les cigales aussi. Evä avait hâte que la prairie s'éveille de nouveau, tout lui semblait mort ces temps-ci. Les dernières neiges fondaient doucement dans les montagnes, bientôt les beaux jours reviendraient et avec eux, le soleil, la chaleur et les proies. Les arbres fleuriraient et les collines retrouveront leur éclat. Les sentiers sentiraient la terre humide et le vent de la liberté soufflerait, délivrant les pays de leurs écrins de glace, chassant l'hiver.

Kishik s'agita. Evä tendit l'oreille, son interlocutrice allait êut-être lui parler de son passé.

[ Ma patience est enfin récompensée ! xD Voici ta punition pour m'avoir fait attendre : un message court ! ]

Comment ça ? Question simple, efficace. Ou comment se montrer curieux sans faire preuve de culot. Une astuce subtile que Kishik utilisait souvent pour satisfaire sa curiosité... quand l'observation de son environnement ne lui suffisait pas. Elle n'eut pas besoin de réfléchir longtemps pour prendre sa décision. Elle ne dirait rien à Evä. À quoi bon cultiver ses souvenirs pour se confier au premier inconnu venu ?

Mais avant de lui répondre, la chatte-garou balaya du regard le splendide panorama qui s'offrait à elle. Un panorama plongé dans l'obscurité. Un panorama que seuls les noctambules savaient apprécier. Au loin, les pointes de la Crête semblaient vouloir toucher les étoiles, furieuses d'être dominées par de vulgaires points de lumière dans le ciel. Le ciel lui-même, dégagé, s'étendait à l'infini, piqueté de taches brillantes. En bas, les décombres calcinés de Carvahall, formait des monticules herbeux créés par la nature, qui reprenait lentement ses droits. Le souffle du vent caressa Kishik.

La chatte-garou tourna la tête vers Evä et lui décocha un sourire énigmatique.

« Je crains que nous nous connaissions trop peu pour que je te confie tous les secrets de ma mémoire, Evä », dit-elle, sans la moindre trace d'animosité ou de reproche dans la voix.

Evä rit. C'était un drôle de rire cristallin, ni humain, ni félin. Un son doux, comme une mélodie. Il résonna doucement. La chatte-garou inclina la tête, approuvant Kishik.

" Je ne suis personne pour te poser cette question. Tu fais bien de garder cela pour toi, les mémoires sont des présents chers. "

La féline, dont la fourrure se fondait dans la nuit noire, n'allait pas insister. Savoir la démangeait mais c'était de la pure curiosité. Il valait peut-être mieux ne pas savoir, après tout ... Bien, dans ce cas, il ne restait plus qu'une chose à faire.

" Je pars. J'espère te revoir Kishik. "

C'était plutôt inhabituel, Evä était plus froide que cela d'habitude. Mais après tout à quoi bon ? Cette féline détestait les humains et se montrait méfiante. Deux points communs avec la chatte-garou dont les yeux verts luisaient dans la nuit. Un son, un petit grignotement interrompit ses pensées. C'était probablement un rongeur. Son parfum lui parvint, elle savoura en silence. Celui lui rappela qu'elle avait l'estomac vide. Après un salut bref, Evä bondit dans le silence le plus complet. Sans faire un bruit, elle se ramassa avant de s'élancer et de disparaitre, se fondant dans les ombres nocturnes. De la féline ne restait plus qu'une brise, légère. Bientôt, se promit-elle, elle serait à Teirm. Quelque chose lui disait que l'une de ses vieilles connaissances avait besoin d'aide ...

» Blacka la chat-garou du mal
» Kishik, chatte-garou
» La chatte-garou veut faire mumuse !
» Kero un chat-garou comme les autre
» Bla-bla-bla, le jeu sans fin